Par chez moi, les rivières ont toutes été profondément transformées, tant et si bien qu'elles ressemblent plus à des canaux ou des fossés. Elles sont certes faciles à pêcher, facile à naviguer, mais je préfère de loin les rivières aux caractéristiques plus sauvages et naturelles. Je ne suis en effet pas un adepte des "rivières domestiquées" que j'estime monotone et globalement peu riche sur le plan piscicole. Perche, brochet et nombreuses autres espèces sont souvent peu abondantes dans ces rivières artificialisées.
Paradoxalement, j'ai beau ne pas être un adepte de ces rivières, je les pêche très souvent.
La Saône et la Seille, mes deux autoroutes à bateaux préférées, sont toutes proches de la maison. C'est pratique!
En image, la Saône, bien droite, bien propre, une véritable autoroute à bateau
Et puis ces deux rivières transformées en canaux profitent souvent à deux espèces peu sensibles comme le sandre et le silure que je pêche beaucoup.
Enfin ces rivières sont idéales pour la pêche en embarcation. Elles sont larges, profondes, bien droites, bien propres sans le moindre obstacle à l'écoulement. Elles permettent de pêcher à de multiples techniques et justifient l'utilisation de tout un tas d'équipement, dont le sondeur.
Il me faut souvent faire des kilomètres pour retrouver des rivières plus naturelles, mais dès que je peux, je ne m'en prive pas ; et même s'il ne s'agit de pêcher que des chevesnes!
J'aime les rivières dont la dynamique alluviale façonnent au grès des crues des petites îles, des bras morts, des chenaux secondaires. J'aime ces rivières où il est possible de chercher dans les fonds de graviers et galets les petits organismes aquatiques dont se nourrissent les poissons.
J'aime pouvoir chercher les poissons sur de multiples configuration de courant (faciès d'écoulement) : zone peu profonde, radier, grand courant, calme profond, plat lent ou rapide...
Et s'il faut utiliser des hameçons texan pour pêcher les bois mort et des portions de rivières fortement végétalisée... et bien tant mieux!
Je ne comprends d'ailleurs pas toujours pourquoi certains pêcheurs souhaitent des rivières propres. C'est surement mieux pour l'accessibilité et les commodités de pêche, mais c'est assurément moins bien pour les quantités de poissons.
Tout ce baratin pour vous dire que lorsque je peux pêcher des rivières au configuration plus naturelles, je ne m'en prive pas.
C'est d'ailleurs ce que j'ai fait en profitant de deux petites heures pour pêcher une rivière du Charolais. Cette rivière n'est pas un exemple de rivière sauvage. De nombreux moulin viennent contraindre ses écoulements en la transformant sur certains secteurs en de vastes plans d'eau sans grand intérêt piscicole. Mais lorsque ses eaux ne sont pas contraintes par la présence des barrages, cette petite rivière offre un cadre particulièrement sympathique pour les pêches à roder.
Sans plus tarder et en image, voici le résumé de cette petite "session chevesne" au milieu du bocage Charolais.
Rem
Je souhaitais rapidement répondre à ton dernier commentaire et j'ai vraiment tardé. Dsl
Je connais un peu les moulins de l'Arconce mais sans plus excepté le Moulin de Vaux pour lequel j'ai étudié toute la bathymétrie, les substrats et la végétation en amont du barrage. Ce travail a été réalisé en 2016. A l'époque le barrage avait bien ramassé et la retenue de Moulin avait perdu presque 1 mètre d'eau. Le peuplement piscicole était assez pauvre en amont de ce seuil, excepté pour la petite friture qui était très abondante.
Le secteur présenté dans l'article est situé au lieu dit Moulin l'Arconce, un peu en aval du Moulin de Vaux.
A bientôt
Pour tes photos si je devais parier je dirais que c'est du coté de Changy vers la confluence de l'Ozolette mais j'ai peut-être tout faux.
En tout cas belle pêche et peut-être au plaisir de se rencontrer un jour le bord de l'Arconce (entre Anzy et St Yan vous pouvez pas vous tromper, je dois être le seul pêcheur, on voit jamais personne sur St Didier et vers Varenne st germain des fois je vois un ou deux autre adeptes mais c'est très rare en dehors des quelques pêcheurs à la grattée en été.
Cordialement,
Merci pour ton commentaire. Tu apportes toujours bcp d'information très intéressantes sur l'Aconce.
Je comprends complètement ce que tu veux dire, et je suis d'accord sur le fait que les retenues de moulin peuvent maintenir quelques carpes intéressantes à pêcher.
Néanmoins je pense que ces zones (amont au barrage) sont particulièrement improductives sur le plan piscicole. Les pêches d'échantillonnages scientifiques le montrent très souvent d'ailleurs.
Ces zones peuvent toujours maintenir quelques poissons d'étangs ou de grands cours d'eau (carpe, tanche, black-bass...) mieux que les zones de courants de l'Arconce. Mais elles restent très limitées car d'une part elles ne pourront pas produire et accueillir des espèces d'eau calme autant qu'un plan d'eau peut le faire et d'autre part elles nuisent aux espèces typiques des petites et moyennes rivières.
Du coup on se retrouve entre deux types de milieux aquatiques. Nous ne sommes pas dans un fonctionnement optimal : ni celui d'un plan d'eau, ni celui d'une rivière... Cela se ressent sur les biomasses et les densités présentes en amont des barrages.
Ces zones font donc souvent l'objet de déversements de poisson d'étang (tanche, carpe...) alors que ces espèces ne trouveront jamais leur optimum biologique dans ces portions de rivières modifiées. Je ne suis pas sur que cela soit gagnant au final pour les pêcheurs. Vouloir pêcher ce que la rivière produira le moins, ne peut-être que source de frustration et de dégoût pour ceux qui souhaitent débuter dans la pêche.
Ces zones d'eau lentes et profondes sont intéressantes pour les pêcheurs car elles permettent de multiples techniques. Mais si elles sont très attractives pour le pêcheur, elles le sont nettement moins pour les poissons...
Plus que la carpe, je pense que c'est le barbeau, le hotu, le chevesne et la petite friture qu'il faut chercher sur l'Arconce car ces pêches sont en phase avec les capacités de production de la rivière. La gestion et l'activité halieutique repose trop souvent sur des espoirs et pas assez sur des réalités.
Pour le reste, je ne suis pas un inconditionnel de la continuité piscicole. Je ne pense pas que ces barrages constituent un problème en ce sens sur l'Arconce. De même il est vrai que ces barrages maintiennent de nombreuses zones humides, mais s'ils n'avaient jamais existé, il y aurait autant des milieux annexes inondables et la rivière serait plus propice au cycle de développement du brochet.
L'Arconce est la rivière que je pratique le plus dans le 71. C'est vrai qu'elle est belle et pour le chevesne sait un petit paradis. Sinon pour les retenues de moulin qui la transforment en vaste plan d'eau sur de grands secteurs, c'est vrai qu'ils ont leurs inconvénients mais je suis pas entièrement d'accord sur leurs manques d'intérêts pour la pêche. Je pense que sans eux les pêcheurs de carpe seraient absents car dans les zones courantes, elles sont très peu nombreuses, pour les amateurs de silure itou. Pour le brochet sait plus compliqué car ces zones permettent de remonter la ligne d'eau et ainsi d'inonder des secteurs propices à la reproduction plus longtemps mais par contre ils empêchent la migration aval-amont. Pour l'anguille qui est le seul grand migrateur de l'Arconce là c'est sur que c'est pas top. Pour moi le problème numéro un de la rivière c'est plus la qualité d'eau qui est pas terrible alors qu'on est dans une zone ultra rurale mais bon hormis Charolles la plupart des communes ont des systèmes d'assainissement obsolètes ou inexistants. Enfin les centaines de vaches en libre accès à la rivière ou bien sur elles ne font pas que boire apportent aussi son lot de pollution organique. Bref des STEP et des clôtures voilà ce qui manquent surtout à la rivière en aval de Charolles et jusqu'à sa confluence.