Pendant de longs instants, j'ai bien cru qu'il n'y aurait rien à retenir de cette sortie ; à part peut-être les averses qui n'ont cessé de s'abattre sur mon ciret, les niveaux d'eau trop importants et la difficulté à pêcher cette Haute Rivière d'Ain. Pour débuter cette session, j'avais choisi de pêcher un secteur que j'avais délaissé depuis de longs moments.
C'est dans ces premiers instants que j'ai compris que ça pouvait vite tourner à la galère. Malgré la tendance à la décrue, il y a avait de l'eau partout. Pour accéder aux berges du chenal principal, il fallait traverser des petits chenaux secondaires, des petits bras morts, le tout dans une végétation très épaisse. Ma jeune chienne Laska qui n'avait jamais nagé en a profité pour apprendre.
Dans cette jungle noyée, j'ai vite abandonné tant les poissons pouvaient être partout et tant je n'arrivais pas à pêcher correctement.
Mais avant de retourner plus en amont sur l'Ain, j'ai choisi de faire un petit détour sur un affluent.
Les vitesses de courant bien que très fortes n'ont pas empêché quelques petites truites de suivre mes petits poissons nageurs. Mais je n'ai pas insisté constatant qu'il me manquait ma carte de pêche pour pratiquer sur ce secteur.
De toute façon, je souhaitais poursuivre sur l'Ain. Alors je suis retourné plus tôt que prévu sur une autre portion de cette belle rivière. J'ai d'abord rapidement insisté en pêchant les bordures en laissant dévaler mon poisson nageur dans le courant. Quelques tirés, quelques poses et rapidement j'ai attrapé une première petite truite. Tout sauf un monstre, mais j'étais déjà bien content de savoir que je ne ferai pas bredouille.
Je n'ai pas poursuivi cette stratégie payante, préférant retenter ma chance plus tard en fin de session. Je voulais essayer quelques grands plats courants qui m'étaient bien connus. Mais comme je le craignais, les poissons n'étaient pas sur ces postes. A bien y réfléchir, ce n'était pas très surprenant compte tenu des fortes vitesses de courants sévissant dans le chenal.
Le soir arrivant, j'ai opté pour un poisson nageur tout terrain, histoire de reprendre la stratégie qui a été concluante plus tôt dans l'après midi. J'ai rangé tous les leurres "fashions" derniers cris et hors de prix pour sortir un bon vieux rapala : un deep runner acheté d'occase sur ebay.
Avec lui j'allais tenter de passer au plus près des bordures végétalisées, sous les branchages noyés.
Je ne sais pas si c'est le soir qui pointait, les averses qui se succédaient à un rythme plus soutenu, le choix du poisson nageur ou une pêche plus appliquée et juste, mais la partie de pêche a pris une toute autre tournure. Peut-être était-ce l'ensemble?
J'ai d'abord décroché quatre truites avant de réussir à concrétiser enfin sur un premier poisson. Je commençais à rager et désespérer. Surtout que certains poissons manqués étaient de belles tailles. Mais ce n'est jamais simple de ferrer dans tout ce feuillage, de ferrer des poissons qui mordent au dernier moment et de réussir à combattre ces poissons avec tout ces obstacles.
Puis j'ai cru être accroché à une branche. C'était lourd mais ça montait...jusqu'au premier coup de tête. Le combat fut bref mais intense. Au moment de la mise à l'épuisette, j'ai bien eu peur de perdre le poisson. L'hameçon piqué sur le bout de la gueule tenait juste à un petit bout de "chair".
Avec ce poisson qui mesurait 58 cm, je battais pour 1 cm mon record perso. Tout heureux, j’essayais de profiter des derniers instants de pêches avant de rentrer.
Arrivé à la voiture, la pluie redoublait, il me restait un poste à tenter. Au premier passage, ce fut la touche d'une rare violence puis un combat tout en coup de tête puissant : une truite rageuse et vigoureuse que je finissais non sans mal à épuiser.
Trempé mais heureux, il était l'heure de plier. En l'espace de 45 minutes, ma sortie de pêche avait pris une toute autre allure.
Rem
