Dimanche 16 décembre, 5h30 du matin, le réveil sonne et je me lève rapidement. Voilà un moment que j'attendais cette journée. Après une petite demi-heure de préparatifs, Medhi et moi quittons Lons-le-Saunier en direction du lac de Joux dans le Canton de Vaux en Suisse Romande pour l'ouverture de la pêche à la truite.
La route nous mène à travers le Jura. Nous traversons d'abord l'Ain à Pont du Navoy puis la ville de Champagnole avant de pénétrer dans les montagnes. Il fait nuit, et il n'est pas possible d'admirer les paysages mais la neige tombée en abondance une semaine auparavant est encore bien présente. Après avoir passé Foncine-le-Haut (39), nous arrivons à Mouthe (département du Doubs) et retirons quelques francs suisses au distributeur de billet.
Le jour n'est pas encore levé et sur les quelques kilomètres qui nous séparent de la frontière Suisse de nombreux renards viennent saluer notre passage.
A la pointe du jour, nous sommes au bord du lac de Joux dans le village nommé le Pont. Dans cette petit bourgade Suisse, nous passons dans une épicerie pour prendre nos cartes de pêche à la journée vendues 10 CHF soit environ 8.20€. Il n'est pas difficile de se faire comprendre puisque la langue parlée est le Français.
Les pêcheurs sont déjà nombreux à venir retirer leur carte mais la plupart ne sont pas du coin puisqu'ils parlent tous Allemand ou Suisse Allemand ; difficile pour moi de faire la différence. A cet instant Medhi retrouve une ancienne connaissance, Andreas, un Suisse habitué du lac qui est venu pour deux journées de pêche à la traine. D’après son avis, les conditions de pêche sont encourageantes. Il fait plutôt doux (3 à 4°C), le temps est couvert et le vent de sud ouest agite la surface de l’eau ce qui à priori est propice à l’activité des truites lacustres.
Les truites lacustres sont des poissons très prisés des pêcheurs Suisse et l’ouverture de la pêche sur le Lac de Joux est une institution. Les pêcheurs présents viennent d’assez loin pour profiter de cet instant particulier. Au regard des plaques d’immatriculations, nombreux sont ceux qui viennent du Canton de Bern. Certains Allemands font aussi le déplacement.
Les truites se pêchent soit en bateau à la traine, soit du bord aux poissons nageurs, à la cuillère ondulante et même à la mouche avec des streamers. Au cours de cette journée nous allons croiser plusieurs moucheurs venus se mesurer aux truites du lac.
En cette saison les truites sont dans les premières couches d'eau en surface. Pas besoin d'aller les chercher profond. On peut les pêcher au jerkbait peu plongeant.
Le fait que l’ouverture soit si tôt en saison, peut paraitre étrange compte tenu de la période de reproduction de la truite. Mais il est vrai que nous sommes en présence de poissons présentant l’écotype lacustre. Ces poissons vivent et grandissent dans le lac mais remontent se reproduire dans les affluents dont le plus important est l’Orbe. La migration de reproduction à lieu dès le mois d’octobre, et les poissons pondent par la suite. Les poissons restés dans le lac en cette fin d’automne sont des sujets considérés comme immatures, ils ne se reproduiront pas. Les pêcher ne met donc pas en péril le bon déroulement de la phase de reproduction. De plus toutes les zones de confluences sont en réserve.
Nous voilà donc au bord du lac dans une baie bien ventée qui se termine par une petite avancée. C’est là que nous allons pêcher toute la matinée. Le temps étant plutôt frisquet, on s’habille chaudement et on démarre notre journée de pêche vers 8h30.
Après une demi-heure de pêche, de grosses rafales de vent viennent secouer la cime des arbres en berge. C’est dans un bruit quelque peu assourdissant, que les premières gouttes de pluies frappent le lac. Comme en mer, nous allons devoir affronter un bon grain. Sauf que la pluie se transforme vite en gros flocons de neige fondue. A cet instant nous sommes dans l’ambiance. J’étais certes venu rencontrer les truites du lac de Joux, mais je m’attendais aussi à braver des conditions météorologiques particulières (froid, neige, vent). Pour le coup, je ne suis pas déçu et cette bonne giboulée a le don de nous faire sourire Medhi et moi.
Le grain passé, le temps va se calmer quelque peu. Il ne pleut plus et au raz d’un herbier en décomposition à quelques 5 mètres de moi, je vois un éclair blanc surgir et se jeter sur mon leurre. A la touche, je ferre instantanément. Le poisson ne se pique pas et je l’aperçois une ultime fois dans un remous en surface. Le fait qu’il ait attaqué si proche du bord m’a fortement surpris. J’ai certainement mal agit en ferrant beaucoup trop tôt.
Nous insistons un bon moment sur le secteur. Medhi enregistre une petite touche mais globalement les poissons ne sont pas très coopératifs . Puis, Midi sonne, l'heure de manger arrivé
A cet instant j’apprécie tout particulièrement l’équipement de Medhi qui nous permet de nous préparer un repas chaud.
Les premiers pêcheurs reviennent du lac et peu semble avoir capturé du poisson. Nous avons cependant écho d’un pêcheur qui a réussi à sortir quatre truites dont une seule de taille (supérieur à 40 cm).
Ces indications nous incitent à changer de tactique pour l’après midi. Plutôt que de rester sur les mêmes secteurs, nous allons prospecter de grands linéaires de berge en pêchant en marchant dans l’eau. Au total c’est environ 4 kilomètres (aller et retour) que nous allons parcourir dans l’eau mais aussi dans la neige. Cette prospection méthodique et inlassable n’est malheureusement pas récompenser. Aucune touche et la fatigue commence à se faire sentir.
Pour finir, nous terminons sur le secteur du matin dans l’espoir de l’ultime touche mais cette dernière ne viendra pas.
Avant de partir nous prenons un petit thé en attendant le retour d’Andreas, croisé le matin. Après une pêche en traine toute la journée, il n’a réussi à prendre qu’une petite truite et un sujet de 44 cm.
La pêche des truites lacustres est difficile et exigeante en cette saison. Les poissons capturés sont rarement nombreux. Mais l’espoir d'en croiser un est souvent plus fort que tout, ce pourquoi on lance et ramène inlassablement nos leurres quelque soit les conditions météo.
Cette journée improductive est loin de m'avoir écœuré. Bien au contraire, l'envie de prendre une truite lacustre m'encourage à retourner sur le lac. Pour l'heure l'hiver va s'installer et le lac devrait geler. Peut-être irais-je y faire un tour au printemps ou tout simplement dans un an à la prochaine ouverture.