Le froid de ces derniers jours a entrainé le gel de nombreux ruisseaux et rivières. En voyant certains cours d'eau pris par les glaces, je me suis souvenu de certains échanges que j'avais pu avoir lors de la réalisation et de la rédaction du suivi piscicole d'un parcours de pêche à la mouche en No kill truite sur le Méchet (rivière du Morvan). Certaines conditions météorologiques et hydrologiques extrêmes peuvent avoir des répercussions sur le développement en milieu naturel des œufs et des tous jeunes alevins de truite commune.
Il ne suffit malheureusement pas d'avoir pu observer la reproduction de nombreuses truites pour être assuré de la présence de nombreux alevins dans la rivière. Il y a tant de choses qui peuvent survenir entre temps.
Les truites se reproduisent en fin d'automne et en début d'hiver. Les femelles protègent leurs œufs (environ 2000 par kg) en les déposant dans une cuvette puis en les recouvrant de graviers.
Les œufs vont d'abord se développer dans le gravier. Après éclosion, les embryons qui font entre 20 et 25 mm demeurent dans les espaces interstitiels du substrat en se nourrissant sur leur vésicule vitelline jusqu'à l'émergence au printemps.
Dans ces tous premiers stades de développement, la vie ne tient pas à grand chose. On pense souvent aux prédateurs ou aux maladies, mais les conditions du milieu peuvent être tout aussi redoutables voir plus.
C'est ce dont je veux vous parler dans ce court billet.
On peut découper la phase de reproduction en 4 moments clés.
Pour chacune des périodes évoquées, les aléas climatiques et hydrologiques peuvent tout anéantir.
Pendant la période de migration et de ponte des truites.
Du 1er novembre aux alentours du 20 décembre s’étale la période de reproduction. Cette période est un préalable à la ponte. J'ai tenu à l'évoquer car même s'il ne s'agit pas de parler de la survie de l’œuf ou de l'embryon, il s'agit d'une étape essentielle. Pour atteindre leur site de frai les truites doivent parfois bénéficier de conditions de débits favorables leur permettant de franchir les obstacles qui entravent leur libre circulation piscicole. Sans petit coup d'eau, les truites adultes n'atteignent malheureusement pas toujours les sites de frai les plus propices. Voilà pourquoi, entre autre, il est important de supprimer des seuils et obstacles sur les rivières.
Pendant la période de vie sous gravier des œufs et alevins de truite.
Du 20 décembre aux alentours du 15 mars se déroule la vie sous gravier, période pendant laquelle les œufs se développent. Après éclosion, les embryons (20 et 25 mm) demeurent dans les espaces interstitiels du substrat en se nourrissant sur leur vésicule vitelline. De forts débits peuvent être contraignants mais ce sont surtout les très faibles débits associés à des périodes de grands froids qui peuvent nuire à la survie des œufs et des embryons. Lorsque le gel vient s’installer sur certains petits ruisseaux pendant cette période, la survie sous gravier peut être menacée.
Lors de l'émergence des alevins de truite.
Du 15 mars aux alentours de la fin avril a lieu la période d’émergence lors de laquelle de jeunes alevins sortent du substrat et deviennent nageant. Dans ces tous premiers instants de vie, les très jeunes alevins sont très vulnérables aux forts débits. Si les débits arrivent à dépasser 4 à 5 fois la valeur du module (débit moyen annuel calculé sur de nombreuses années), il y a un risque très élevé de mortalité pour ces alevins (Philippe Baran comm pers - ECOGEA).
Dans les premiers stade de vie en rivière.
Du mois de mai à la mi-juin se déroule les premiers stades de développement, période à laquelle les alevins peuvent encore être sensibles aux forts débits.
Voilà donc quelques unes des menaces qui peuvent anéantir une année de reproduction.
Rem