Lorsqu'on s'attache à décrire le peuplement piscicole d'une rivière, d'un lac ou simplement d'une station de pêche électrique, on utilise différents outils et différents indicateurs parmi lesquels on peut citer la diversité piscicole, la biomasse piscicole totale (ou par espèce), la densité numérique totale (ou par espèce), l'Indice Poisson Rivière...

La diversité piscicole désigne tout simplement le nombre d'espèces de poissons présents à l'échelle d'une rivière, d'un lac ou plus localement d'une station ou d'un tronçon de milieu aquatique.

On parle aussi de richesse spécifique piscicole.


Comme il a déjà été évoqué dans un précédent article du blog (Evolution longitudinale des communautés piscicoles) le nombre et la nature des espèces présentes dans une rivière évoluent le long d’un gradient longitudinal (sur le trajet de la rivière depuis ses sources jusqu’à ses portions aval). Ainsi les portions et les rivières de tête de bassin abritent des peuplements piscicoles caractérisés par une diversité piscicole plus faible que les portions aval.

 

Pour exemple la Loire, sur ces zones de sources abrite la truite fario et quelques espèces accompagnatrices (vairon, chabot, loche franche). Quant sur ces zones aval, elle abrite l'ensemble des carnassiers de nos eaux douces, un cortège très varié de cyprinidés (poisson blanc) ainsi que des espèces migratrices partageant leur vie entre mer et rivière.



Déterminer le nombre d'espèces présentes dans une rivière et en énoncer la liste et une chose assez simple. La seule difficulté réside dans la recherche et la capture de ces espèces (pêche électrique,piégeage, carnet de capture pêcheur, plongée, observation...).

Mais l'analyse de ce nombre et de cette liste peut être très riche d'enseignement.

 

Un chabot du bassin de la Grosne (71) capturé en pêche au toc

 

La diversité piscicole est un premier niveau d'analyse pour estimer les fonctionnalités piscicoles et écologiques d'un milieu aquatique.

 

Une rivière colonisée par un nombre d'espèce inférieure à ses capacités d'accueil théoriques est une rivière qui souffre de quelques perturbations et dysfonctionnements.

Inversement, un ruisseau ou une petite rivière des têtes de bassin (zone de source et portion amont des rivières) présentant une diversité piscicole forte connait aussi des dysfonctionnements. Cela peut paraitre paradoxale mais il faut bien comprendre que l'augmentation de la diversité piscicole n'est pas simplement un signe positif. En effet, il se peut que ce soit des espèces peu sensibles et polluo tolérantes qui viennent coloniser un milieu censé être exempt d'altération. Pour exemple, lorsque des espèces peu sensibles comme le chevesne ou le goujon viennent compléter le peuplement piscicole d'un petit cours d'eau salmonicole, ceci est le signe d'une altération de ce milieu. Très souvent cette apparition s'explique par l'augmentation des températures, l'enrichissement des eaux en matière organique et l'altération des habitats. Sans ces modifications de l'écosystème, ces espèces ne pourraient pas coloniser ces petits milieux. De même la présence d'espèces d'eau calmes, type gardon, rotengle ou carpe sur ces petites rivières permettent l'augmentation de la diversité piscicole. Mais ce n'est pas le signe d'une bonne qualité de milieu mais plutôt de la présence de plan d'eau sur le réseau hydrographique.

 

Le nombre et la présence de certains poissons renseignent déjà fortement sur la qualité du milieu et sur son fonctionnement. Trouver du hotu, des barbeaux et tout un ensemble d'espèce d'eau vive dans un bras mort de rivière témoigne très certainement d'un degré de connexion important entre la rivière et son bras mort.

 

Enfin, si on a la chance de disposer de toute une chronique d'inventaires sur une rivière (échantillonnage sur 15, 20 ans ou plus), il est très riche d'enseignement d'étudier l'évolution de la diversité piscicole. On constate malheureusement souvent l'apparition d'espèces peu sensibles et la disparition d'espèces fragiles.


Exemple : Liste des espèces piscicole présente sur la station 1 du Pontbrenon (rivière de 1ère catégorie piscicole) - Bassin Versant du Sornin (dept 71)

 

On peut ainsi déterminer quand telle espèce est apparue sur la rivière ou à disparue et essayer de relier cela à des évènements ou des pratiques qui ont pu modifier l'écosystème.

Il est aussi intéressant de calculer la fréquence d'apparition de ces espèces (encore appelée occurrence d'apparition).

 

Pour exemple, sur la station Pontbrenon 1 (2 figures ci-dessud), sur 5 inventaires entre 1990 et 2013, la truite fario a été capturée 4 fois, son occurrence d'apparition est donc de 80%. Après reste à expliquer pourquoi? Dans cet exemple particulier, l'intensité d'un étiage (2009) a entrainé un assèchement de certaines portions du cours d'eau. Ceci a eu temporairement des incidences sur la population de truite fario.

Il est toujours passionnant d'essayer d'expliquer ces résultats.

 

 



 Rem

 

 

 

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