Dans certains cours d'eau les juvéniles de saumon atlantique (tacon) vivent avec les truites fario. Dans mon département, la Saône-et-Loire, cette situation existe sur les affluents du Morvan du bassin de l'Arroux suite à un plan de déversement initié à la fin des années 1990.
Pour la petite histoire
Originellement, le Saumon Atlantique était une espèce très commune sur le bassin de la Loire et sur celui de l'Arroux (département de Saône-et-Loire).
Les paysans se plaignaient à Louis XIV que leurs seigneurs les gavaient uniquement de ce poisson qui était séché et fumé. Il y eut même des grèves aux pêcheries de Gueugnon. Dans sa description générale du Duché de Bourgogne, Monsieur COURTEPEE, prêtre en 1778, rapporte que Digoin, Gueugnon et même Toulon-sur-Arroux était renommés pour leurs pêcheries. La pêche au Saumon y était remarquable de mars à juin.
Il semble avoir disparu de l'Arroux dans les années 1850 suite à la conjonction de plusieurs facteurs défavorables tels que les obstacles à la migration constitués par les différents barrages implantés sur la Loire et l'Arroux, ou encore la modification en 1846-47 de l'embouchure de l'Arroux dans la Loire à Digoin suite à la reconstruction du pont de l'actuelle route nationale 79. Enfin les résidus de l'usine des Forges de Gueugnon semblent avoir altéré la qualité des eaux.
Dès 1868, la Préfecture de Saône-et-Loire se soucie de la disparition de ce grand migrateur puisqu'elle ordonne la construction de passes à poissons, au barrage de Gueugnon et aux barrages du Grand Moulin du Sac à Toulon-sur-Arroux. En 1881 une échelle sera construite à Gueugnon mais elle sera emportée 10 années plus tard lors d'une forte crue.
Ce n'est que vers la fin des années 1980, qu'une nouvelle politique de réintroduction du saumon atlantique dans l'Arroux vit le jour, et cela grâce à l'initiative de pêcheurs de saumon de la région Bourgogne et du plan Loire Grandeur Nature. Ainsi depuis 1987, l 'Arroux fait partie des cours d'eau classés à migrateur. Des passes à poissons ont donc été aménagées sur les barrages de la ville de Gueugnon et une réintroduction de jeunes saumons de la souche Allier a été entreprise sur les zones de frayères du Morvan (Ternin, Celle, Chaloire, Méchet).
Pour les distinguer
Les tacons se développent une à deux années avant de migrer vers l'océan atlantique via le fleuve Loire. Pendant ces premières années, ils colonisent certains secteurs de l'Arroux, du Méchet, de la Celle, de la Chaloire, de la Canche et du Ternin en raison de fortes campagnes d'alevinages.
Il est plus que fréquent d'en capturer à la ligne. Dès lors la confusion entre truite et tacon peut être faite, même si les tacons n'atteignent (en deux années) que rarement la taille légale de capture de 23 cm, il est important de savoir les distinguer des truites.
Il existe bien sur quelques différences de couleur mais il faut parfois se méfier car sur les petits sujets (juvéniles de 1 été), la différence n'est pas toujours évidente.
Le tacon présente des nuances de bleu sur le dos, semé de petites taches sombres, un ventre de couleur blanche et 8 à 12 grosses marques régulières violacées ou bleutées, comme des empreintes de doigts.
La truite fario a le dos brun foncé semé de nombreuses taches sombres, petites ou grandes (plusieurs sur l’opercule). Les nageoires présentent une couleur jaune plus marquée. En Morvan les truites sont de souches atlantiques, elles présentent donc aussi des taches rouges cerclées de clair.
Hormis ces critères de teinte et de coloration, il existe d'autres signes distinctifs présentés sur la figure ci dessous.
Source : Fédération de Pêche de Saône-et-Loire
Rem