L'envie de passer par le Lac du Bourget, pour débuter la saison de pêche au lavaret encore appelé corégone ou féra, était forte depuis quelques jours. Après consultation de mon planning, mais aussi de la météo, le mercredi de cette semaine de mi février semblait être le jour idéal.
La météo hivernale semblait plutôt clémente. Nuageux en matinée, puis soleil l'après midi avec une absence de vent, tout ceci paraissait parfait pour sortir le kayak, le canin et les gambes.
Ma journée de congés prise, je quittais la maison vers 8h30 pour arriver sur les rives du lacs vers 10h30. Le temps de me préparer tranquillement, j'étais sur l'eau et en action de pêche vers 11h15.
Pêcher en kayak en plein hiver ne s'improvise pas trop. Une eau à 5°C, une bise du nord glaciale (la météo n'annonçait pas de vent), la nécessité d'encrer par plus de 40 mètres de fond, un espace réduit dans le kayak, tout ceci m'obligeait à bien penser ma pêche et m'organiser en faisant bien attention de rien oublier.
Sur la partie aval du lac, une dizaine de bateaux étaient déjà en place. Bien que le plafond nuageux était assez bas, j'apercevais sur les hauteurs un peu de neige. Le vent du nord assez soutenu formait une petite houle. Ce n'était pas gênant pour pêcher mais le fond de l'air était bien frais.
Après avoir rejoint le groupe de bateaux déjà en place, j'attaquais ma session. J'encrais par 30 mètres de profondeur et laissais mes nymphes descendre sur le fond du lac. Après lecture du sondeur, j'observais quelques bancs de lavarets passaient entre 25 et 30 mètres de profondeur, mais la plupart des poissons se tenaient sur le substrat du lac. Ils étaient invisibles au sondeur sauf lors de très brefs moments lorsqu'ils se nourrissaient et remonter de quelques mètres pour venir s'alimenter de nymphes.
Très rapidement, j'enregistrais quelques micro touches. Je décrochais le premier poisson vers les 13 heures, puis plus rien. J'attaquais alors une grande traversée du désert dans un froid bien vif. Pour chercher les poissons, je changeais fréquemment de poste. A chaque fois, il fallait remonter l'encre de plus de 30 mètres de fonds : une activité bien physique surtout sur une embarcation de type kayak ou l'espace est restreint et les positions parfois inconfortables.
Mais j'aime ça, quand c'est dur, physique et que les éléments nous facilitent pas la tache. Après cela reste une partie pêche, ce n'est pas non plus la traversée du grand nord. Mais il faut savoir insister et persévérer. L'obstination doit payer.
Avec cette faible activité des poissons, je savais qu'il fallait attendre le soir et espérais ne pas rater les quelques touches qui allaient se produire à cette occasion : pas toujours simple dans un kayak quand il y a de la vague et qu'on ne contrôle pas aussi parfaitement qu'on le souhaiterait les animations et la perception des touches.
Vers 16 heures, le vent se calmait, le soleil faisait presque de timides apparitions et les poissons se manifestaient à nouveau sur le sondeur. Sur une subtile touche, je réussissais mon ferrage et après un joli combat, je montais mon premier lavaret au kayak. Enfin... . Très heureux et soulagé, je poursuivais mes efforts.
Avant de plier et rentrer à la maison, je décrochais encore deux poissons juste au kayak. Ce poisson peut rendre fou, mais quel plaisir et quel combat sur du petit matériel.
Le soir venu, ma soupe avalée , j'allais me couché fourbu et épuisé. Pour une reprise, elle fut dur. Pendant deux jours, les courbatures m'ont rappelé cette belle et difficile journée.
Rem