Si le mois de mars annonce le début du printemps, il est aussi synonyme d'ouverture de la pêche à la truite pour les pêcheurs que nous sommes. C'est un moment attendu, préparé et pensé depuis de longues semaines pour certains d'entre nous.
Crapahuter à nouveau à travers les prairies ou les bois sur les berges de nos rivières préférées est une source de joie immense.
Pour ma part, lors des longues et parfois ennuyeuses soirées d'hiver, il m'arrive bien souvent de penser à la rivière d'Ain à la Bienne aux quelques rivières et ruisseaux que je connais tout particulièrement dans le Morvan, le Haut Clunisois ou la Lozère.
Dans ces moments, j'ai hâte de retrouver les instants merveilleux que m'offrent ces rivières : un lever de soleil avec une brume matinale qui se dissipe doucement sur la surface de l'eau, les nombreuses éclosions et des gobages par dizaine alors que le soir enveloppe doucement la rivière de sa douce obscurité sans oublier les truites et leur robes toujours magnifiques.
Bref je rêve.
Si l'ouverture est l'occasion de retrouver ses rivières favorites, ce n'est pourtant pas toujours un moment privilégié pour faire de belles pêches. En d'autres mots, même s'il y a du poisson à faire, c'est souvent dure.
Je parle bien sur de poissons issus du recrutement naturel de la rivière et non des truites qui ont pu être déversées pour l'occasion. Je parle aussi de pêche aux leurres car je connais moins la pêche aux appâts naturels et à la mouche ou à la nymphe. Je pense malgré tout que toutes ces pêches restent compliquées quoiqu'il arrive en début de saison.
La principale complication vient de la saison encore précoce et des eaux pour la plupart encore très froides. Certes la truite est un poisson d'eau froide qui s'alimente en cette période de fin d'hiver. En effet le préférendum thermique de la truite est compris entre 4 et 19°C. Cette plage de température autorise une croissance et une nutrition normale pour la truite fario.
Mais il n'en reste pas moins que l'activité d'une truite n'est pas la même à 6°C qu'à 14 -15°C.
Lorsque les eaux sont très froides, les truites sont beaucoup plus léthargiques et peu enclines à se déplacer pour suivre, chasser et attaquer un poisson nageur. Aussi, il faut pouvoir leur passer non loin "du bec", ce qui complique la tache et diminue les chances d'inciter un poisson à mordre. Si en plein été on peut se permettre des animations rapides et saccadés (nombreux twitchs), en cette fin d'hiver il faut pêcher lentement et profond.
Dans des eau froides, les poissons cherchent ainsi à minimiser leur déplacement tout en favorisant les proies plus grosses (plus riches en protéine...)
De mon avis, ces observations conditionnent le choix des leurres.
Il faut pouvoir pêcher lent, profond et ne pas craindre de proposer des leurres assez gros.
Pour la taille des leurres, celle ci dépendra bien sur aussi de la rivière. Utiliser un poisson nageur de 9 cm dans la rivière d'Ain n'a rien de surprenant. Faire de même dans un petit ruisseau de 3 mètres de larges pour 40 cm de profondeur moyenne serait par contre très étonnant et contre productif.
Sur le type de leurre, je privilégie les crankbaits, et les jerkbaits suspending ou flottant à bavette prononcée, histoire d'aller chercher les truites en profondeur.
Souvent, en début de saison, le régimes des eaux est un peu soutenu. Les niveaux d'eau plus élevés permettent l'ennoiement de racines des arbres en berges, ainsi que quelques unes de leurs frondaisons. Ces habitats que les truites ne retrouvent que très peu l'été (niveau d'eau trop bas) sont bien utilisés en fin d'hiver. Sous cet enchevêtrement de bois, les truites sont à l'abris. C'est là qu'il va falloir aller les chercher.
Pour ce faire, j'utilise des poissons nageurs flottants qui plongent rapidement alors qu'on les ramène. Ainsi je peux passer sous les bois morts, après avoir fait dériver mon leurre en aval de l'obstacle. On peut de la sorte insister en profitant des courants pour laisser le leurre sur place et même "démouliner" pour faire redescendre le poisson nageur en début de l'obstacle. Dans ce genre de pêche, il est souvent intéressant d'utiliser des hameçons simples pour moins accrocher. Avec un peu d'habitude on peut tirer son épingle du jeu, mais on prend aussi le risque de perdre du matériel .
L'avantage en début de saison, c'est que les truites sont restées au calme pendant de longs mois. Elles peuvent avoir perdu certains de leur automatismes de prudence. La finesse du montage n'est donc pas de première importance et l'utilisation de leurres bruyants et très colorés peut avoir du sens; surtout si les eaux sont teintées et assez hautes. Plus tard en saison, il faudra surement être plus discret et proche des couleurs naturels, alors autant profiter de l'ouverture pour sortir ce qui "flache".
Jusqu'alors, je n'ai évoqué que les poissons nageurs (pour des références, voir ce lien et celui-ci), mais l'idéal pour pêcher lentement et profond est sans doute le leurre souple montée sur tête plombé (de 3 à 12g voir même plus suivant les rivières)
Actuellement cette pêche est en plein essort, tout simplement parce qu'elle est efficace. Personnellement, je ne la connais pas assez pour la décrire dans le détail, mais je compte bien m'y mettre et insister dès ce début de saison qui approche.
Et, comme il faut toujours avoir plus d'une corde à son arc, je pense même, pour varier les plaisirs et les approches tenter l'affaire, aux vairons maniés. On ne parle alors plus de leurres, mais l'approche et les animation restent semblable à celle d'un leurre souple.
Voici donc les éléments essentiels que je retiens pour décrire les pêches de début de saison. Ce ne sont pas plus faciles, mais le plaisir d'être au bord de l'eau est plus fort que tous.
Maintenant la saison est longue et les mois de mai et juin lanceront très certainement réellement le début des belles pêches de truite.
Rem