Les poissons de nos rivières n'ont pas tous bonne presse. Certains sont jugés trop nombreux, d'autres trop voraces, d'autres d'aucun intérêt culinaire, tant et si bien qu'ils sont tués après capture sans nécessairement être gardé pour être consommé. La législation n'est pas toujours simple, mais elle définit les espèces de poissons qu'il est possible de remettre à l'eau et ceux qu'il convient de tuer.
L'objet de cet article est donc de préciser tout cela. Si pour les écrevisses, la liste des espèces interdites de remise à l'eau est assez longue, vous verrez que pour les poissons, la liste est très restreinte ; certainement plus d'ailleurs que beaucoup ne l'imagine.
Depuis peu, la loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages d'août 2016 a dépénalisé la remise à l'eau immédiate du poisson pêché.
Auparavant, toute introduction de poisson était interdite dès lors qu'elle portait sur les espèces suivantes :
les espèces susceptibles de générer des déséquilibres biologiques (poisson-chat, perche soleil et écrevisses exogènes énumérés à l'article R.432-5 du code de l'environnement) ;
les espèces non représentées (arrêté du 17 décembre 1985) telles que l'amour blanc ou le pseudorasbora pour exemple;
le brochet, la perche, le sandre et le black-bass en première catégorie piscicole (article L.432-10 du code de l'environnement).
Le fait de remettre à l'eau les espèces précédentes était alors passible d'une amende de 9000 €. Mais ceci n'a pas dû arriver souvent...
Depuis l'entrée en vigueur de la loi biodiversité, la remise à l'eau des poissons n'est plus incriminée dès lors que deux conditions sont remplies :
la remise à l'eau a lieu "immédiatement après la capture" ;
les poissons relâchés ne doivent pas appartenir à une espèce figurant sur la liste des espèces exotiques envahissantes.
Dans un premier temps il ne prefiguré dans cette liste (Européenne) que 3 espèces de poissons. Aujourd'hui la liste cite 10 espèces de poisson :
- le poisson chat (Ameirus melas - Rafinesque 1820),
- le poisson à tête de serpent du Nord (Channa argus - Cantor 1842),
- le choquemort (Fundulus heteroclitus - Linnaeus 1976),
- la gambusie (Gambusia affinis - Baird & Girard 1853) et (Gambusia holbrooki - Girard 1859)
- la perche soleil (Lepomis gibbosus -Linnaeus, 1758)
- le baret (Morone americana - Gmelin, 1789)
- le goujon de l'amour (Perccottus glenii Dybowski, 1877)
- le poisson chat rayé (Plotosus lineatus - Thunberg, 1787)
- Le pseudorasbora (Pseudorasbora parva - Temminck & Schlegel, 1846).
Le pseudorasbora (Pseudorasbora parva - photo EPTB Saône-Doubs)
Dans cette liste se trouve 4 espèces présentes en France. Il est donc interdit de relacher vivant un poisson chat, une perche soleil, une gambusie (Gambusia holbrooki - Girard 1859) et un pseudorasbora.

La liste des espèces exotiques envahissantes mentionne aussi des espèces d'écrevisses. Ainsi il est interdit de remettre à l'eau :
- l'écrevisse américaine (Orconectes limosus - Rafinesque, 1817),
- l'écrevisse américaine virile, écrevisse à pinces bleues (Orconectes virilis - Hagen, 1870),
- l'écrevisse de Californie (Pacifastacus leniusculus - Dana, 1852),
- l'écrevisse de Louisiane (Procambarus clarkii -Girard, 1852),
- l'écrevisse marbrée (Procambarus fallax - Hagen, 1870 f. virginalis).
- l'écrevisse à taches rouges (Faxonius rusticus - Girard 1852)
Autre effet important de cette réforme, la détention, le transport ou la vente des espèces exotiques envahissantes, à l'état vivant, et notamment de toutes les espèces d'écrevisses citées ci-avant, sont interdits.
Voilà donc les espèces de poissons et d'écrevisse qu'il est interdit de remettre à l'eau actuellement.
Rem